Continent longtemps méconnu, victime de nombreuses tragédies au cours de son histoire, l’Afrique apparaît aujourd’hui comme riche de potentialités humaines. Porteuse de diversité, elle peut apporter au monde contemporain bien plus que les matières premières et la force de travail qu’elle a dû fournir dans le passé. C’est en tenant compte de cela que l’édition 2010 d’Ethnologie et Cinéma est consacrée à l’Afrique comme terre d’échanges : échanges entre populations à travers les migrations internes, externes ou croisées, échanges entre passé et présent à travers les rituels qui maintiennent le lien avec les ancêtres, échanges entre hommes et femmes à travers les changements induits par la modernité et la remise en cause des traditions, échanges enfin avec l’invisible, le monde des esprits qui inspire création artistique et spiritualité
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AVEC LE SOUTIEN DE : MSH-ALPES ; MUSEE DAUPHINOIS ; CONSEIL GENERAL DE L’ISERE ; GRENOBLE UNIVERSITES ; ASSOCIATION ETC
EN PARTENARIAT AVEC : CCC ; CINEMATHEQUE ; BIBLIOTHEQUES MUNICIPALES ; REGIE2C GRENOBLE ; CNRS IMAGES ; SFAV ; IRD AUDIOVISUEL
Thématiques
Les rapports de genre sont encore lourdement chargés d’inégalité et de domination en Afrique comme sous bien d’autres cieux. Dans un continent confronté à un changement accéléré, les traditions sont souvent invoquées pour tenter de légitimer le maintien des femmes dans une condition soumise et infériorisée. Pourtant, celles-ci luttent avec détermination et parfois avec la complicité des hommes, pour s’émanciper de tutelles injustes et de coutumes cruelles qui n’ont plus d’autre sens que de perpétuer leur soumission et d’entraver leur potentiel de réactivité.
L’art africain est intimement lié aux sociétés dans lesquelles il prend corps. Création collective autant qu’individuelle, il met en scène les mythes fondateurs des peuples et donne figure aux esprits de leurs panthéons tout autant qu’il exprime les échanges avec des formes et des sons venus d’horizons lointains. S’il est le reflet des traditions et des identités, il est aussi celui d’un monde qui change et dont il sublime les brassages, à travers l’agencement inédit de notes et d’images de toute provenance.
Un documentaire ethnologique n’est pas une œuvre de fiction. Il se réclame d’une discipline qui a privilégié le regard éloigné pour mieux objectiver son approche et la protéger des incursions idéologiques. Pourtant, celui qui filme peut-il s’abstraire de tout sentiment vis-à-vis de ceux qui sont filmés ? N’est-il pas lui aussi partie prenante de ce qui se construit devant sa caméra et les meilleurs documentaires ne sont-ils pas ceux qui résultent d’une coproduction entre filmant et filmés ? Comment donner à la subjectivité la part qui ne peut manquer d’être la sienne quand il s’agit de rendre compte d’une réalité humaine impliquant nécessairement ceux qui la considèrent, même derrière une caméra ?
L’univers spirituel africain se construit à l’interface du visible et de l’invisible. À travers le simple acte de produire des objets utilitaires ou des denrées ordinaires, se joue toute une relation symbolique à une matière dotée d’un esprit, personnifiée pour mieux s’unir à ceux qui la travaillent. Les rituels qui marquent les grandes étapes de la vie sont aussi la mise en scène du dialogue entre les vivants et les disparus, entre ceux qui voient le présent et ceux qui voient en deçà et au delà du présent. Quant aux autels construits par un seul artiste, ils convoquent tout ce qui hante l’imaginaire du groupe.
Le tourisme représente aujourd’hui une des premières ressources économiques au monde. L’Afrique ne peut pas ignorer les bénéfices qu’il peut offrir. En même temps, on connaît depuis longtemps les effets négatifs qu’il peut avoir en particulier sur les sociétés fragiles. Les films montrés ici témoignent que l’Afrique n’est pas à l’abri de telles conséquences mais que ça et là s’expérimentent des formes d’échanges solidaires et qu’il peut en naître un nouveau sens de la rencontre entre autochtones et étrangers.
L’histoire de l’Afrique est avant tout une histoire de migrations. Tous les peuples possèdent des récits sur le chemin suivi par leurs ancêtres pour s’installer là où ils se trouvent aujourd’hui en s’y unissant fréquemment avec d’autres qui étaient déjà là. L’époque contemporaine ne fait que renforcer cette tendance à la mobilité au dedans et au dehors du continent malgré les nombreux obstacles mis par les États à la circulation des hommes. De nouvelles diasporas se constituent, favorisant ainsi les échanges et renforçant l’apport de l’Afrique à la civilisation mondiale.